Rencontre événement : Kristin Cashore & Deborah Harkness
Dernier Bar avant la fin du monde : Kristin Cashore & Deborah Harkness
Le 14 Septembre dernier, Le Livre de Poche et Orbit ont organisé une rencontre exeptionnelle entre des fans, des blogguers et les deux auteurs exceptionnelles : Kristin Cashore & Deborah Harkness.
La rencontre à eu lieu au premier sous-sol dans une ambiance très détendue, avec deux auteurs très souriantes et abordables et des équipes d'éditeurs charmantes également. Les auteurs semblaient vraiment contente d'être là et on signé avec plaisir tout ce qu'on leur donnait (marque-pages maison, livres de différentes éditions etc.) nous avons même eu droit à des petites séances photos (je n'ai pas eu ma photo avec Kristin Cashore sniff, la faute à mon phraser incompréhensible).

Les droits de la trilogie « All souls » ont été achetés par la Warner et le premier livre est en cours d’adaptation pour le cinéma.

"Je suis professeur d’histoire. Ma crise de la quarantaine, au lieu d’acheter un cabriolet ou d’entamer une liaison, j’ai préféré la vivre en écrivant le premier livre de cette trilogie.
« I’m bored » : j’avais fait tout ce que je devais faire dans ma vie et je m’ennuyais par avance car je savais aussi ce qui m’attendait pour les vingt prochaines années !
Un jour en vacances avec ma famille au Mexique, je regarderais les couvertures de livres comme celui de Kristin Kashore et je me demandais « et si les créatures fantastiques existaient vraiment, quels métiers elles feraient, comment vivraient-elles dans notre monde ?... » Et au final, pourquoi n'en ferais-je pas aussi mon métier ?
Le passé est important pour comprendre ce qu’il se passe dans le monde présent. De fait, pour une historienne, l’idée du vampire est attrayante . Il traverse l’Histoire, le temps et peut en parler d’expérience car il a vécu l’Histoire. C’est pour cela que je ne voulais pas un « jeune » vampire d’un siècle mais plutôt un de 1500 ans comme Matthew Clairmont."
Est-ce que cela vous est déjà arrivé aussi d’attendre des heures un livre en bibliothèque comme c’est le cas pour Diana et l’Ashmole 782 ?
"C’est encore mieux que cela : j’ai vraiment attendu l’Ashmole 782 (wiki sur Elias Ashmole) pendant deux heures ! Je faisais des recherches pour ma thèse à la bibliothèque Bodléienne, il était censé être dans la bibliothèque mais impossible de le retrouver, il a disparu ! C’est comme cela qu’est venue l’idée de départ de la trilogie…"
Est-ce que la vie dans vos livres est celle dont vous rêvez secrètement ? Et est-ce que ce monde imaginaire interfère dans votre vie réelle ?
"Avant Le livre perdu des Sortilèges, j’avais écrit des livres d’histoire mais pas de fiction : John Dee’s Conversations with Angels: Cabala, Alchemy, and the End of Nature (Cambridge University Press, 1999) et The Jewel House: Elizabethan London and the Scientific Revolution (Yale University Press, 2007). Deborah Harkness est donc une historienne des sciences et de la magie...
L’écriture fait partie de ma vie depuis que je vais à l’école. Mais c’est dur, exigeant, loin de la vie de rêve que l’on imagine. Encore plus difficile quand on est fatigué, en manque d’inspiration, quand on doit rendre le manuscrit impérativement avant la date limite…
Mais ce premier livre a été une expérience vraiment amusante, la plus amusante que j’ai faite en restant assise ! J’ai commencé par m’interroger sur les raisons pour lesquelles les gens étaient fascinés par les créatures imaginaires et comment seraient ces créatures dans notre monde actuel.
Et si une sorcière n‘était pas heureuse d’en être une ? Et si un vampire millénaire était un scientifique qui développait des hypothèses, des théories et qu’il voyait le fruit de ses recherches aboutir des années, voir des siècles plus tard ? Les noms des personnages ont jailli de mon esprit, leur histoire est venue naturellement mais écrire de la fiction n’était pas forcément mon objectif premier. Ecrire, C’est un peu comme une radio dont on doit parvenir à capter la bonne fréquence pour que tout soit bien clair. Parfois je capte plusieurs conversations à la fois, et parfois je n'entend rien. Je suis à la fois observatrice et auditrice, alors je n’ai plus qu’à me jeter sur mon stylo, enfin mon ordinateur pour tout écrire !"
Aux Etats-Unis, l’Histoire n’est pas une matière très populaire. Est-ce pour en développer l’intérêt auprès des jeunes générations que vous avez mêlé Histoire et fiction dans vos livres ?
"L’histoire de l’Amérique est très populaire aux États-Unis. On y consacre quatre à cinq d’étude contre seulement deux pour l’histoire du monde. C'est choquant. D'autant que pour moi l'histoire américaine est si récente qu'elle s'apparente davantage à du journalisme. Je pense depuis longtemps que l’Histoire est importante, qu’il faut s’intéresser aux autres pays, à leur histoire pour mieux comprendre le monde. Je dis souvent « soyez ouverts sur le reste du monde ».
J’ai situé mon histoire, en partie, à Clermont-Ferrand car c’était le centre du monde, c’est là que pris vie l’idée de Croisade en 1095. Cela me paraissait important de placer mon histoire en France.
Depuis 1982, je m’intéresse de près aux créatures fantastiques. Je suis historienne de la magie et des sciences. J’avais beaucoup de notes que je n’avais pas forcément utilisé pour ma thèse. Je ne voulais pas d’une histoire avec des sorcières telles qu’on les imagine aujourd’hui mais plutôt comme elles étaient perçues auparavant. Les chaudrons servaient aussi bien pour concocter des poisons, des sorts que déclencher des tempêtes ou nourrir des gens. Et la cuisine de Sarah et Em est à l’image de cela, de même que leur voiture est un peu le balais moderne des sorcières !"

Kristin Cashore est l’auteure de l’excellente trilogie Graceling éditée chez Orbit, une trilogie relatant les exploits des Gracelings, ces êtres dotés de pouvoir exceptionnels et qui se battent pour la liberté des Sept Royaumes et la dignité de leurs habitants.

Depuis mes études de littérature à l’université Simmons de Boston, je n'ai pas cessé d'écrire, pas une seule fois. J'ai développé un problème d'écriture compulsive qui me rend bizarre mais charmante aux yeux des autres. Je ne peux pas arrêter ! Mais ce n'est pas grave, parce que je ne veux pas m'arrêter. J'ai écrit à temps plein – même plus qu’à temps plein, vraiment – depuis quelque temps déjà. C'est un métier de rêve, qui est une autre façon de dire que quand je sors faire du shopping pour me dégotter des vêtements de travail, je vais directement à la section pyjama.
Je suis aussi farouchement indépendante. Je vis parfois en ermite, mais jamais pour très longtemps. Je suis à la recherche du chat parfait. Je médite, et quand je le fais, le prince Harry apparaît dans mon subconscient et médite avec moi. C'est un peu étrange, mais je ne pense pas qu'il y ait quelque chose que je puisse faire à ce sujet. Parfois, il n'est pas seul. Ainsi, l'autre jour, c'était moi, le prince Harry, le Dalaï Lama, M. Rogers, Coco le gorille, et George Clooney. Nous avons tous flottés au-dessus de la terre en observant les continents. George Clooney a suggéré que je visite Providence, Rhode Island. Le Dalaï Lama a soupiré profondément et dit qu'il aimerait se rendre au Tibet. Pas sympa le Dalaï Lama. »
Une fois qu’elle a écrit 30-40 pages, elle les retranscrit sur ordi à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocal.
Elle écrit presque tous les jours, y compris quand elle est en vacances. Elle peut y consacrer entre 2 heures et 12 heures par jour, en fonction de son inspiration ou ses occupations. Elle n’a donc pas de quotas de mots à écrire chaque jour. Si ça ne vient pas, elle ne se force pas, tout simplement.
Ce sont les personnages qui apparaissent d’abord dans son esprit, et plus précisément des discussions entre des personnages. Elle n’a alors qu’à écouter ce qu’ils se disent et ce qu’ils ressentent : colère, amour, désir, insécurité, désespoir. Elle se demande alors pourquoi, qu’est-ce qui leur est arrivé ? Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Pourquoi leur vie paraît-elle si difficile ? Les idées se rassemblent ensuite et en viennent à former une histoire.
Au final, pour récapituler : les personnages, leurs interactions et leurs sentiments viennent en premier. Ce n’est que dans un second temps que vient l’intrigue. Les détails de l’intrigue, les précisions ne viennent qu’en dernier. Parfois elle les suit, parfois ils passent à la trappe sans qu’elle ne s’en rende compte.
Il arrive souvent que ses personnages la surprennent, qu’elle se rende compte qu’elle avait tort à leur sujet.
Pour chercher l’inspiration, elle s’assoit le plus souvent dans un feuteuil et se contente de contempler le vide. Elle se parle à soi-même aussi. Il lui arrive également de se balader dans la rue avec une multitude de post-it et d’y être vu en train de rire bêtement, de crier triomphalement ou avec des airs renfrognés.
C’est aussi une grande angoissée. Elle craint que sa maison ne brûle et conserve ainsi ses notes et son ordi dans un coffre étanche. Elle s’inquiète également en permanence de la qualité de ses écrits, de ses personnages, de ses intrigues… « Je prends mon travail d’écrivain trop au sérieux. Je ne peux pas mon empêcher. Je l’aime tellement. L’écriture est une activité étrange mais de toute façon les humains sont bizarres. Etre écrivain est donc une manière très humaine de l’être… »

Je remercie les équipes de nous avoir donné cette opportunité fabuleuse, les auteurs pour leur gentillesse et surtout le Boudoir pour la retranscription impeccable et les photos :) Je remercie et salue également les deux traductrices qui ont fait un travail formidable et vraiment de qualité. On a pu échanger quelques mots avec elle lors de l'apéritif et elles étaient de plus très gentilles. Je leur souhaite vraiment plein de bonnes choses pour la suite.

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021